Une Vague de Chaleur

Effectivement, il faisait une chaleur étouffante ce jour-là. A peine le soleil s'était-il levé que chacun pouvait sentir à quel point il était désireux de démontrer sa puissance. Ses rayons illuminaient chaque recoin de Poudlard. Le parc était baigné par ses lueurs, la Grande Salle n'avait nul besoin de torches pour être éclairée, quant aux couloirs et salles de classes, inutile d'en parler. C'est à travers l'un de ces méandres qu'une jeune femme déambulait. Étrangement, l'envie d'aller se pavaner à l'extérieur, sous cette pesanteur qu'était la chaleur, ne lui traversa guère l'esprit. Son short en jean mettait en valeur ses courbes et son débardeur avait le décolleté nécessaire pour que les hommes ne puissent que s'imaginer le reste. Ses cheveux avaient pris une teinte blonde en ce jour de forte chaleur, faisant ressortir ses yeux d'une façon bien différente. Ses souliers noirs foulaient le sol avec grâce. Il ne fut pas étonnant que bon nombres de visages masculins se tournent à son approche. Ils restèrent d'autant plus fixés sur ses courbes que la jeune femme ne leur accorda même pas un regard. Il n'était pas facile d'attirer l'attention de la demoiselle. Elle trouvait tous ces gens si insignifiants, indignes de son attention. Rares étaient ceux qui avaient ce privilège. D'être regardés, de pouvoir lui parler. Elle n'était cependant pas avare de sarcasmes, et il suffisait de la chercher un peu pour qu'elle vous réplique avec le plus grand calme une phrase cinglante dont elle seule à le secret, avant de s'éloigner, tête haute. Voilà ce que la plupart des élèves de Poudlard pouvaient voir d'elle. Voilà ce qu'elle décidait montrer d'elle. C'est tout ce que les gens verraient si c'était ce qu'elle avait décidé.

Ses pas parcoururent rapidement le premier étage, puis le second. Ses cheveux flottaient derrière elle, telle une bannière. Son regard allait d'un endroit à l'autre, observant tout ce qui l'entourait sur son chemin. Mais où se rendait cette vipère qui, pour une fois,n'affichait pas fièrement ses couleurs ? En voilà une bonne question. Elle venait de laisser son cher Adam dans la Salle Commune afin de se rendre à la bibliothèque. Un week-end ? Et par une telle chaleur ? Etait-elle complètement folle ? Non, Helena avait besoin d'un bouquin, tout simplement. Cette jeune femme était bien plus studieuse que certains ne le pensaient. Quand l'envie lui prenait, elle pouvait dévorer un livre en quelques heures. Mais la plupart du temps, elle avait d'autres chats à fouette. Et puis, devoir atterrir à Serdaigle simplement pour avoir aimé la lecture ? Non merci. Plutôt s'arracher un bras. Elle était très bien chez les serpents. Ils étaient là sa deuxième famille. Ou plutôt devait-elle dire son unique famille. Elle ne s'en plaignait pas, au contraire. Eux, au moins, lui accordaient un tant soit peu d'attention. Elle ne demandait pas de l'amour, simplement qu'on ne l'ignore pas. Enfin bref, ne tombons pas dans le mélodrame. Helena se portait très bien, elle était en bonne santé, et son nom était respecté. Peut-être moins qu'un Malefoy ou un Black, mais il suscitait une certaine diligence de la part de ceux qui connaissaient un minimum le monde des sorciers. Les Sang de Bourbe, quant à eux, devaient la craindre simplement par la réputation qu'elle traînait derrière elle. Les élèves n'étaient pas sans savoir qu'elle n'hésitait pas à user de parole mais aussi de sorts si quelque chose ne lui convenait pas.

Sa main écarta la tapisserie qui camouflait un raccourci pour le quatrième étage. Deux tourtereaux étaient liés l'un à l'autre sur les marches. Si ce n'était pas exaspérant. Il y avait des endroits bien plus discrets. Ce qui voulait simplement dire qu'ils voulaient être vus. Helena ne s'en fit pas spécialement et passa tout outre à côté d'eux, malgré les cris de protestation de cette dinde qui lui disait que ça en se faisait pas de déranger les gens comme ça. La Serpentarde ne lui accorda même pas un regard. Voilà quelque chose au-dessus du quel elle passait. De toute façon, ce n'était pas ses affaires. Elle avait assez d'histoires à régler de son côté.

Elle tourna à l'angle d'un couloir et arriva enfin à l'entrée de la grande bibliothèque de l'école. Il n'y avait personne, pas âme qui vive. Même l'austère bibliothécaire s'en était allée prendre l'air. Ses pas résonnaient sur les vieux ouvrages reliés de cuir, aux lettres parfois écaillées par le temps. Puis soudain, elle l'entendit. De longs sanglots, des livres qui s'écroulaient sur le sol. Helena ne pressa cependant pas le pas. Son pas resta pourtant calme, assuré. Puis elle arriva dans le rayon de métamorphose. A peine avait-elle fait un pas dans cette direction qu'une personne lui fonçait dedans.